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Friday 16 April 2010

De Skopje à Istanbul, cela date presque d'un mois!

Bonjour,
Je vous écris d'Ankara pour vous tenir informés de ce qui s'est passé il y a déjà bien longtemps pour moi. Ces textes me servent aussi de journal, vu que je n'écris pas ce que je vis au jour le jour. Et oui Isa, le temps où je passais une éternité à écrire mon journal le soir est révolu. A la place, je m'endors en même temps qu'Océanne à 20h!
C'est à partir de Skopje que nous avons dû nous familiariser avec l'alphabet cyrillique (mais nous n'avons finalement jamais réussi!). Autant les menus des restaurants que les ingrédients ou le nom des produits à l'épicerie que le détail sur les factures, on n'y comprenait rien. Il y a quelques mots que nous avons réussi à décoder, mais bien loin de pouvoir lire le journal. A Skopje, on a été surpris par le développement "occidental" de la ville. La place principale est entourée de centres commerciaux avec une patinoire artificielle créée de toute pièce au milieu comme on a vu dans plusieurs autres villes d'Europe cet hiver. Pour lui donner un caractère plus de grande place, ils sont en train de construire une nouvelle église malgré les nombreuses contestations des habitants. C'est aussi dans cette ville qu'on s'est fait voler, la seule fois du voyage. Rupert s'est fait voler sa pompe qui était sur son vélo (pas trop grave, on en avait 3!!!) et on a tenté de lui voler sa selle (cela aurait pu être très ennuyant!) car la tige était presque toute sortie. Il faut dire qu'on a laissé nos vélos pendant plusieurs jours dans l'entrée d'un édifice à bureau où l'hôtel était situé au dernier étage.
En quittant Skopje, j'hésitais encore à descendre au sud vers la Grèce ce qui permettait de traverser une bonne partie de la Macédoine et de probablement aller vers un hiver moins rigoureux. Mais nous avions toujours dit que nous voulions connaitre la Bulgarie alors nous sommes partis vers l'est retrouver les montagnes. Nous avons très peu vu la Macédoine car nous avons atteint la frontière 3 jours après avoir quitté Skopje. Jusqu'à Kumanovo, ce sont plus des villages "albanais" que nous avons traversés. Les panneaux des villes étaient écrits en 3 langues, albanais, macédonien alphabet latin et alphabet cyrillique. Etrangement, nous avons retrouvé comme en Albanie les décharges en plein air au milieu de magnifiques collines... Et celles-ci sont largement bien gardées par une multitude de chiens sauvages... Je fais ici une grosse publicité de mon fantastique Dazzer II, solution époustouflante pour arrêter les chiens en poursuite. Il s'agit d'un émetteur d'ultra-son. On appuie sur un petit bouton et hop, le ou les chiens figent! Ils ne repartent pas en courant, mais tout simplement s'immobilisent! Efficacité 100% jusqu'à présent, je ne l'aurai pas cru. Et puis, tout d'un coup, une vague de froid est arrivée. Nous qui avions cru à l'arrivée du printemps à Skopje, nous avions rangé nos vêtements d'hiver. C'était le 5 mars. Le soir même, il faisait bien trop froid pour camper. Nous avons eu de la difficulté à trouver un hôtel dans Kumanovo qui est pourtant une grande ville. C'est à la sortie de la ville que nous avons trouvé une auberge. Le lendemain, on a été surpris en voyant un léger tapis de neige recouvrir le sol... Mmm, ce n'est donc pas fini!
La journée d'après, nous avons décidé de camper dans un petit village, Stracin. Dans le cas où il ferait vraiment froid en soirée, nous aurions plus de facilité à trouver une place au chaud que si nous campions au milieu des champs. Il ne semblait pas non plus avoir d'hôtel à proximité. Nous avons donc installé notre tente au milieu du village. Les gens nous regardaient de loin sans vraiment oser nous approcher. Des étrangers dans leur minuscule village, je crois que c'est plutôt rare. Il a fallu qu'ils trouvent celui qui parlait anglais dans le village pour venir à au moins 5 hommes nous rencontrer. Ils sont venus nous dire qu'il allait faire très froid pendant la nuit (autour de -10C) et qu'ils nous proposaient de dormir dans l'école (le lendemain, c'était dimanche). Ils nous ont donc ouvert une classe ayant un poêle à bois. Ils sont ensuite venus les uns après les autres offrir paquets de chips et chocolat à Océanne. La petite épicerie a dû faire fortune cette soirée là! On aurait dit que c'était la compétition entre chacun pour nous recevoir. On nous a aussi proposé du schnaps. On trouvait jusqu'à présent le contact difficile dans les Balkans. En fait, contrairement aux personnes d'origine ottomane (Bosnie, Albanie, Kosovo), les Slaves ont une attitude plus distante, mais toute aussi accueillante quand le contact est établi.
Le lendemain, ce fut la route jusqu'à la frontière de la Bulgarie. Il faisait un temps frais mais magnifique. La frontière se trouve sur un col à 1161m. Il s'agissait de ne pas arriver trop tard pour avoir le temps de redescendre de l'autre côté. Pas question de camper à cette altitude! Durant l'après-midi, la chaine du vélo de Rupert s'est cassée, ce qui a retardé notre ascension. Vite, vite, on a failli s'arrêter avant le sommet pour camper là. Nous avons finalement continué pour ensuite redescendre sur 20 kms à la limite de la tombée de la nuit et s'arrêter au premier hôtel. Le lendemain au réveil, c'était la tempête de neige. Bienvenue en Bulgarie! Une chance que nous ne nous sommes pas arrêtés dans la montée... pris dans la neige, nous ne serions pas allés bien loin! De l'hôtel, nous avons roulé 5 kms dans la neige pour nous trouver un hôtel dans la ville de Kjustendil.
Nous sommes restés là 3 journées malgré nous attendant que la tempête passe. D'abord une de 35 cms puis une autre de 15 cms, la ville était bloquée, disons les rues très mal déneigées. On a marché sur la rue principale de long en large en travers. On regardait la météo à la télé 5 fois par jour. Pas grand chose à faire dans cette ville. Après 3 jours, on tournait en rond, on a décidé de partir. On a poussé nos vélos dans la neige se disant que ce serait mieux sur les routes à l'extérieur de la ville. La femme de l'hôtel nous voyant partir, ayant peur pour nous, et surtout pour Océanne, mais avec qui nous avions eu très peu de contact, nous offre les prochaines nuits gratuites pour nous encourager à attendre que les routes soient mieux. Tout était prêt sur les vélos. Trop tard pour nous. On lui dit qu'on ne se rendra sûrement pas très loin et qu'on reviendra. Finalement, nous sommes partis pour de vrai. La route en direction de Plovdiv était toute sèche. On était bien content d'être partis!
On a donc vu presque toute la Bulgarie sous la neige. A part en visitant Plovdiv, nous y sommes restés 2 jours, cela ne nous a pas encouragé à faire beaucoup de tourisme. Les paysages montagneux étaient bien sûr magnifiques, mais on a trouvé les villes et villages plutôt tristounets, marqués dans les constructions par la période communiste. Jusqu'à Plovdiv, nous avons dormi dans des hôtels. Chaque petite ville avait un hôtel, un hôtel 3 étoiles, mais à faible prix, un vrai ou un faux selon la ville. Je me disais, cela a dû être beau auparavant, mais ils avaient tous l'air de tomber un peu en ruine, ou alors n'avaient jamais été parfaitement construits. Alors que j'ai trouvé les pays de l'ex-Yougoslavie proches de ce qu'était l'Europe de l'Ouest, dans le sens que je ne crois pas qu'on puisse encore parlé d'Europe de l'est et d'Europe de l'Ouest, que la différence n'est plus autant marquée entre les 2 anciens systèmes politico-économiques, j'ai trouvé la Bulgarie encore marquée par le communisme. Je n'ai pas vraiment parlé aux Bulgares, mais mon jugement est plus basé sur le côté visuel. L'Albanie reste aussi marquée de sa période d'isolement.
La Bulgarie étant peu chère, on en a profité pour s'arrêter dans les restos de bord de route pour manger le midi plutôt que d'avoir un pique-nique. On avait remarqué en Albanie qu'il était gênant de manger dans les cafés car les gens voyaient ce qu'on mangeait et c'était souvent des produits qui n'étaient pas abordables pour eux - aussi simplement que de manger des tomates hors-saison dans un village en Macédoine. C'est aussi ce qu'on avait fait en Albanie et au Kosovo. Dans les autres pays, les gens ne mangent pas le midi mais fument et boivent des cafés donc il n'y avait pas de resto de bord de route. Les plats bulgares sont souvent accompagnés de yogourt, un délice. Cela faisait un peu penser à la nourriture méditerranéenne, huile d'olives, aubergines, tomates, fromage type feta.
Après Plovdiv, nous nous sommes retrouvés dans les champs au grand soleil. Ciao les montagnes européennes. Le printemps est sorti pour de vrai. Depuis ce temps, le soleil ne nous a plus vraiment quitté. Et nous avons retrouvé notre tente et le plaisir de camper! Aussitôt la frontière de la Turquie passée, nous nous sommes retrouvés dans la culture où l'étranger n'est pas un touriste mais un invité dans le pays. Cela fait une grande différence. Les gens viennent nous voir naturellement, pour discuter ou nous offrir un cay (thé). Seuls étrangers dans un café internet d'un village, Océanne reçoit une barre de chocolat et on nous sert un cay. Les automobilistes et camionneurs nous klaxonnent sur la route comme en Albanie ou au Kosovo. Cela peut être pour nous signaler qu'il arrive, pour nous demander de nous pousser, ou le plus souvent tout simplement pour nous dire bonjour. C'est à nous de décrypter! On a donc campé tous les soirs jusqu'à notre arrivée à Istanbul. Un soir, alors qu'on revenait de l'épicerie les sacoches pleines, un homme possédant un petit jardin à côté du champ sur lequel on campe nous offre tout ce qu'il a: eau, café soluble, pommes, œufs frais, chocolat pour Océanne bien sûr. Un midi que nous pique-niquons dans l'herbe sur le terrain d'une station-service, l'homme travaillant là nous apporte une couverture pour que nous soyons plus confortable, 2 cafés, et du chocolat pour Océanne bien sûr. Tout se fait naturellement. C'est l'hospitalité turque. Alors qu'on hésite 2 secondes sur la direction à prendre dans un village, les hommes sifflent le chauffeur de taxi parlant anglais pour qu'il vienne discuter avec nous. On s'assoit avec eux et buvons un cay. Il n'y a pas eu une journée sur la route où nous n'avons pas interagi avec un Turc. Nous avons retrouvé ici la combinaison parfaite du cyclotourisme: le plaisir dans la rencontre des gens et de leur culture et le plaisir de camper.
Je terminerai par une anecdote sur Océanne. Chaque fois qu'elle voit des cyclistes de route en lycra (il y en avait beaucoup en Italie), elle nous parle des vélos go-go. J'ai mis un peu de temps pour comprendre que cela datait de juin dernier lorsque nous sommes allées voir l'étape de la coupe du monde de cyclisme féminin. Pour encourager les femmes, je criais "GO GO"! Sinon, bien sûr qu'elle se porte toujours aussi bien. Elle se retrouve plus chez elle quand nous sommes sous la tente qu'à l'hôtel ou chez quelqu'un ou cela lui prend un peu de temps d'adaptation. Elle enregistre jusqu'à présent seulement 2 petits rhumes depuis le tout début du voyage. Cela aurait été sûrement différent en étant à la garderie pendant la semaine à Montréal...
Maman arrive dans quelques jours à Ankara pour visiter la Cappadoce avec nous. Si nos plans fonctionnent, on devrait ensuite s'envoler pour la Chine...
Je vous embrasse,
Dorothée

2 comments:

Anonymous said...

Wow!!!

Je viens de prendre connaissance de votre voyage grâce à Annick, rencontré par Amigo-express et je serai désormais un fidèle lecteur de vos aventures! Je me laisse quelques temps pour remonter le fil de l'histoire, mais d'ici-là, bon succès dans votre quête de l'Orient! :)

Vous êtes très inspirants!

JF Gosselin, Gatineau

Michel BERGUIN said...

Bien raconté, bravo.
J'aime les gens comme vous.