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Thursday 4 March 2010

Les Balkans - Une salade de Macedoine

Dobar dan,

J'aurai encore pu dire "miredita" il y a quelques jours, 5e langue du voyage, mon vocabulaire se reduit en 2 mots pour l'albanais, bonjour et merci.
Nous avons donc pour la lecon de langue:
Hello, bonjour, buongiorno, dobar dan, miredita
Thank you, merci, grazie, hvala, faleminderit

Pour les chiffres, 5032,1 km en 90 jours de velo sur 5 mois de voyage. Cela donne une moyenne de 60 km par jour, pas mal du tout sachant que c'etait l'automne et l'hiver donc des journees courtes. Cela donne aussi que nous en sommes au tiers de notre voyage en temps et en distance. Et a la moitie de notre budget... Mais nous allons vers l'est, vers plus de nuits sous la tente et des pays moins chers parait-il.

Je vous ecris de Skopje, capitale de la Macedoine (republique independante depuis 1991), ou pour les Grecs, Ancienne Republique Yougoslave de Macedoine, car ils n'acceptent pas que ce pays s'appelle Macedoine, cela ne correspondant pas a l'empire geographique d'Alexandre le Grand. La monnaie est le Denar. Mon clavier est recouvert d'une pellicule plastique, je suppose pour ne pas salir les touches. Je n'avais encore jamais vu ca! Comme il fait chaud dans la piece, mes mains se collent dessus, c'est super pratique!!!

Donc, toujours dans un pays de l'ex-Yougoslavie, le dernier pour nous. Le seul que nous n'aurons pas traverse sera la Serbie. Cela aurait pu completer notre comprehension des Balkans, mais il n'est pas sur notre chemin. Les pays de l'ex-Yougoslavie (qui veut dire Slaves du Sud en serbo-croate) sont d'une complexite incroyable. Dependamment a qui vous parlez, Serbes, Croates, Bosniaques, Albanais, vous n'avez pas la meme version et vision de chaque recent pays. "Les amis de mes amis sont mes amis" ou "les ennemis de mes amis sont mes ennemis" ou "les ennemis de mes ennemis sont mes amis" ne s'appliquent pas forcement dans cette region d'Europe! Les Slaves venus du nord se sont installes dans le sud, les Croates sur la cote et les Serbes dans les terres. C'est ajoute a cela la domination de l'Empire Ottoman dans certaines regions, la domination venitienne, l'empire austro-hongrois, tout cela a differentes periodes. Les serbes ont adopte la religion orthodoxe, les Croates sous influence italienne romane ont adopte la religion catholique, et d'autres, la religion musulmane trace de l'Empire Ottoman. Autant en Slovenie et Croatie, l'histoire nous paraissait plutot simple, mais plus on avancait, plus se presentait un melange d'ethnie et de culture.

Lorsqu'on a quitte Dubrovnik, on s'est retrouve le soir meme au Montenegro (capitale Podgorica), dans la ville de Herceg Novi. Une autre petite ville fortifiee au bord de la cote. Les Montenegrins sont tres proches des Serbes, on pourrait dire leurs petits freres. C'est seulement en 2006 que ce pays se separe de la Serbie. Il adopte l'Euro comme monnaie. Pour raison politique nous dit notre hote a Herceg Novi. J'imagine qu'ils n'allaient pas creer une nouvelle monnaie. De plus, le pays se fait beaucoup aider de l'Union Europeenne pour developper ses infrastructures touristiques le long de la cote. On a vu beaucoup de "real estate agencies". Lorqu'on dit a notre hote qu'on va ensuite en Alabanie, puis au Kosovo, il nous repond "N'allez pas la-bas". Ah bon? Pourquoi? La guerre est finie, non? Il nous dit ensuite qu'en tant que touriste on aura pas de probleme, mais lui en tant que Montenegrin (=Serbe), oui. Il nous dit de ne pas regarder de trop proche les eglises orthodoxes. Mais qu'on peut regarder sans probleme les mosquees. Je ne suis pas sure que cela soit tres objectif... On verra bien la-bas! Quand on part, sa maman, tres gentille et tres acueillante, nous laisse quand meme sur ces mots "Don't trust anyone". Ah bon. Nous faisons confiance a tout le monde, repond-on. On verra sur place. Au Montenegro, la pluie que nous avions eu depuis au moins 2 semaines a continue. Nous avons fait le tour de la Baie de Kotor qui a la reputation d'etre magnifique. Elle fait partie du patrimoine mondial de l'UNESCO. Mais sous la pluie, on a vu les choses un peu differemment. On s'est arrete dans la ville de Kotor, autre ville fortifiee. Nous avons fait la rencontre d'un cyclotouriste francais, Samuel. Une soiree sympathique dans l'hostel de la ville. Notre 2e rencontre de cyclotouristes, toujours interessante; Samuel est parti de France pour parcourir les pays a l'est jusqu'en Turquie depuis avril dernier. Il est maintenant en Italie sur son chemin de retour. Budva, autre ville fortifiee sur la cote de l'Adriatique (!) fut notre derniere escale au bord de l'eau. Je crois que j'ai eu mon quota de villes fortifiees aux magnifiques rues de grosses pierres blanches. Il etait vraiment temps de se lancer dans les montagnes.

La derniere nuit au Montenegro s'est fait sous la tente, dans les champs, pas tres loin de la frontiere avec l'Albanie. De par les villages et ses habitants, on pouvait deja sentir que le pays etait different. Le Montenegro a deja essayer de conquerir Shkoder, sans succes, mais a gagne Ulcinj. Le lendemain, l'Albanie. Capitale Tirana. Monnaie, le Lek. L'Albanie, contrairement a ce que je pensais est tres peu religieuse. En fait, comme dans tous les anciens pays communistes, la pratique de la religion etait interdite publiquement. Cela revient donc graduellement. Il n'y a pas autant d'eglises ou de mosquees que dans les pays de l'ex-Yougoslavie.C'est la 1ere fois que nous passons autant de temps au poste de frontiere. On n'a pas vraiment compris pourquoi, a part qu'ils ne comprenaient pas pourquoi Rupert et moi n'avions pas le meme nom de famille. Aussitot en Albanie, aussitot on a senti que nous etions dans un pays pauvre, le 1er depuis le debut de notre voyage, dans un pays coupe avec le monde exterieur pendant bien longtemps. Pendant la periode communiste, elle n'etait en relation qu'avec quelques pays de l'Europe de l'Ouest. La Yougoslavie voulait l'inclure dans l'ensemble de ses republiques. Elle n'a pas voulu donc a ferme sa frontiere avec la Kosovo. Puis la Russie a voulu installer une base natale sur la cote. L'Albanie n'a pas voulu et a aussi rompi ses relations. Puis elle s'est tourne vers la Chine. Cela a fonctionne jusqu'au deces de Mao Tse-Tung en 1976. Puis l'Albanie s'est retrouvee totalement isolee jusqu'a la chute du communisme au debut des annees 90. La transition au capitalisme a ete tres difficile pour la population.Nous sommes restes seulement 6 jours dans ce pays, mais il n'est pas diffile de percevoir les signes de pauvrete. Pas grand chose dans les petites epiceries dans les montagnes par exemple. Par contre, nous avons ete extremement bien accueillis. La regle "moins on en a, plus on en donne" s'applique toujours tres bien. J'ai aussi retrouve le bazar des villes ou pietons, cyclistes, voitures, mini-bus partagent tout! Pas de feu de circulation, chacun s'impose. Nous avons passe 2 nuits sous la tente. Les 2 fois, des gens sont venus nous voir et discuter avec nous. On nous a d'abord offert 2 bieres et du fromage qui ont tres bien accompagnes nos pates. ils voulaient absolument qu'on aille chez eux, mais on a refuse sachant que notre tente etait deja installee et qu'on aurait sans doute pris le lit ou la piece de quelqu'un. Tout le monde nous klaxonne sur la route pour nous dire bonjour, savoir comment ca va, savoir ou on va. C'est aussi le royaume des vieilles Mercedes. Le trafic de voitures en Albanie a l'air bien connu. Les voitures circulent encore avec les plaques d'immatriculation d'Allemagne, d'Angleterre, d'Italie. Au debut, je pensais qu'il y avait beaucop de touristes. Mais non, pas du tout, ils etaient bien tous Albanais! Pour la 2e nuit sous la tente a cote de l'ecole du village, Oceanne a pu jouer avec les enfants autour qui n'etaient pas genes de venir nous voir nous installer. Ce fut un bon moment pour elle. Elle nous en parle toujours, car ce n'est pas souvent qu'elle est en contact direct avec des enfants. Le lendemain, quelqu'un nous attendait devant la tente pour nous inviter a prendre le cafe. Ils etaient une dizaine d'hommes regroupes chez une femme a preparer des frites. Un epluche, un coupe, un fait cuire. On nous a offert cela au petit-dejeuner. Apres 1/2 heure, il etait temps pour nous de les laisser. On aurait pu y passer la journee! Ce fut donc 4 jours dans les montagnes. Les 2 premieres journees sous la pluie ont failli nous faire changer d'itineraire (encore une fois!). On voulait prendre un vol pour la Chine et faire le chemin en sens inverse. On etait convaincu que le printemps dans ces regions (jusqu'a atteindre la Turquie) ne serait que pluvieux. Pedaler sous la pluie, camper ensuite, et remettre des vetements mouilles le lendemain n'est vraiment pas super. Mais bien sur, cela n'a pas dure et nous avons continue! On n'a pas eu beaucoup de pluie depuis! A Kukes, derniere ville en Albanie, Rupert s'est fait poursuivre par des dizaines d'enfants en sortant de l'epicerie. ils tentaient de lui arracher ses sacs. Il a du demander de monter dans une voiture pour rentrer a l'hotel et leur echapper. La pauvrete, vraiment?

Le Kosovo (capitale Pristina) ensuite nous a paru bien moins pauvre. On peut sentir que c'est un pays en reconstruction, suite a la guerre de 1999, l'armee serbe ayant bombarde les villages albanais. L'accueil a encore une fois tres agreable. Les gens sont tres proches des Albanais dans leur comportement avec nous. Ils nous klaxonnent sur la route, nous approchent sans etre genes pour discuter, et sont souriants. On est arrives a Prizren, tres belle ville. On s'est arrete une journee (1ere journee sans velo depuis Dubrovnik) et on en a profite bien sur pour visiter. Un autre choc pour nous, bienvenue encore dans l'ex-Yougoslavie, de voir l'ancien quartier serbe de la ville totalement deserte... Il a ete brule par les Kosovars albanais lors des emeutes de mars 2004. Il ne reste plus que 37 Serbes dans la ville. On a pu toutefois regarder et prendre en photo les eglises orthodoxes, tout de meme sous surveillance. Les rumeurs du Montenegrin etaient fausses! Selon les statistiques, autour de 90% des Kosovars sont Albanais (disons plutot de langue albanaise, en territoire slave, de religion musulmane). Les Serbes se trouvent surtout au nord, a la frontiere avec la Serbie. Ils voudraient pouvoir etre rattaches a la Serbie. En entrant au Kosovo, on demande quelle langue on doit parler. On nous dit sans hesiter l'albanais. Puis en parlant a la femme de l'hotel, qui se dit bosniaque, meme si elle est du Kosovo, car elle est musulmane et parle serbo-croate, elle nous dit que les 2 langues officielles sont l'albanais et le serbo-croate. J'ai teste une fois dans un magasin de dire au-revoir en serbo-croate, on m'a regarde bizarrement. La femme de l'hotel nous a dit qu'avant la guerre, il n'y avait aucun probleme pour parler un des 2 langues. Maintenant, ses enfants se font reprocher de ne pas parler albanais. Pas facile pour les minorites... On ne peut pas non plus passer a cote de la presence du KFOR, Kosovo Force, presente pour le maintien de la paix. Dans le coin de Prizren, ce sont des Allemands. Le Kosovo a proclame son independance en 2008, mais est sous direction de l'ONU car il n'est pas reconnu par tous les pays. La monnaie est l'Euro, raison polito-economique bien sur. On peut voir partout les differents projets de reconstruction subventionnes par l'Union Europeenne. Alors qu'en Albanie on voyait que beaucoup de personnes ne travaillaient pas, les petites usines au bord de la route avaient l'air de fonctionner au ralenti, par manque de travail, on sentait le Kosovo plus actif. Pourtant, il parait qu'il y a 50% de chomage, les jeunes etant les plus touches. C'est vrai qu'a Prizren, on voyait les hommes reunis au cafe a toute heure de la journee. 3 jours au Kosovo. c'est court, mais je crois que nous avons pu prendre un peu le pouls du pays.

Nous sommes arrives il y a 2 jours a Skopje. On fait une pause de 2 jours complets: achat d'une nouvelle potence pour le velo de Rupert, lavage, reparation de mon disque dur portable (sans succes). Sur une des routes totalement defoncees d'Albanie (elles ne sont pas toutes comme ca, mais c'est surtout a l'entree des villes), ma sacoche avant est tombee. Aouch pour le disque dur ou nous avons archives toutes nos photos... Cela prend du temps pour essayer de recuperer les donnees, on essaiera la prochaine fois qu'on reste longtemps dans une ville. Skopje est une ville surprenante. On est d'abord arrive par le centre-ville tres moderne. Tout est en construction. Belle rue pietonne commerciale avec grande place. Mais les immeubles gris datant du communisme ne sont pas totalement camoufles! On ne voyait pas grand chose d'historique. Puis on nous parle du Vieux Pont et du quartier de l'autre cote. Et on y decouvre les traces de l'Empire Ottoman avec caravanserails, bains, mosquees, et l'ancien bazar. Plein de petits commerces dans des petites rues. Et le marche. Et les femmes portant le voile. On n'en avait pas vu autant depuis Sarajevo. D'un cote de la riviere les "serbes" et de l'autre les "albanais". Ce matin, quelque sonne a notre chambre d'hotel: une journaliste! Son bureau est a l'etage en-dessous et elle a vu les velos dans l'entree. Allez hop, une petite entrevue, la 1ere. On sera demain dans le journal de Skopje! On discute donc, et tiens un autre point de vue. Elle nous parle des Grecs qui ne veulent pas reconnaitre leur nom de pays. Je demande de quoi vit le Kosovo. Elle me dit qu'il est riche et vit de criminalite et de trafic. Mmm, pas rose tout ca. Est ce objectif? Je lui demande si les relations sont bonnes entre le Kosovo et la Macedoine. Elle me dit qu'il n'y a pas le choix. Ils ont les armes au Kosovo. Et eux veulent la paix. Ils ont eu une petite guerre civile en 2000 vers Tetovo, ville a majorite albanaise. Les albanais (les meme que ceux du Kosovo donc musulmans et nons catholiques comme dans l'ouest de l'Albanie) sont a l'ouest et au nord de la Macedoine et revendiquent une plus grande reconnaissance de leur droit. A Skopje, c'etait aussi tendu et chacun restait de chaque cote de la riviere. Maintenant, c'est mieux nous dit-elle. De facon generale, les personnes rencontrees dans les pays de l'ex-Yougoslavie ont l'air de nous dire qu'avant la creation de tous ces pays, tout le monde vivait melange sans faire attention a l'appartenance ethnique. La montee du nationalisme post-communiste s'est servi de la religion pour differencier les peuples au sein de l'ex-Yougoslavie. La recente guerre a commence par le fait que les Serbes de Croatie et de Bosnie-Herzegovine voulaient rester attacher a la Yougoslavie alors que chacun de ces pays avaient proclame leur independance. Meme si c'etait officiellement un affrontement entre Republiques, les militaires s'en sont pris enormement aux populations civiles. Et on dirait que cette differenciation est restee. Mais chacun a tout de meme l'air satisfait d'avoir maintenant sa Republique.

Demain, nous reprenons la route en direction de la Bulgarie. La Turquie n'est plus tres loin et l'Asie non plus. Les jours allongent (Oceanne nous reveille maintenant a 6h le matin quand on est sous la tente) et les temperatures s'adoucissent! Sur ces bonnes paroles, a bientot!

Dorothee

1 comment:

Unknown said...

http://www.vecer.com.mk/?ItemID=FDC5EAF4DE6573408D987084AFCE7AE2
Its Dobar Den, Dobar Dan is in serbian:)
regards from the newspaper crew, once again good luck!